Tout ce qu’il vous faut savoir sur le slow design

Par , Le 16 octobre 2014 (Temps de lecture estimé : 5 min)

Non, ce n’est pas du design mou. Le slow design est un terme que l’on voit passer de plus en plus souvent. Pour autant, les gens ont bien souvent du mal à le définir avec précision. Je vais donc tenter d’y remédier.

aetherium article miniature slow design

Image générée par nos soins avec une IA

Depuis plus d’un an maintenant, j’affiche ouvertement une démarche professionnelle dans la dynamique du slow design sur mon site. J’avais une démarche similaire depuis longtemps, mais j’ai découvert ce terme voilà un peu moins de deux ans dans le magazine Étapes n°212. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un mot qui collait à ma méthodologie de travail ! Puis en 2013, c’est au moment de revoir mon positionnement que je me suis recentré autour de cette démarche éthique. Un an et demi après, si je constate que la démarche est plutôt bien accueillie, je remarque qu’elle n’en demeure pas moins inconnue du grand public, même pour de nombreux designers de tous bords.

Origine

Le terme aurait été inventé en 2002 par Alistair Fuad-Luke dans un article intitulé « Slow Design – Un paradigme pour vivre de manière durable ». Dans cet article, le slow design est considéré comme la prochaine étape dans le développement de la conception durable, de l’initiative individuelle, des besoins socio-culturels et de l’environnement.

Définition

Le slow design est issu du slow movement, qui a lui-même commencé avec le concept de slow food. Ce dernier terme fut créé par opposition à la restauration rapide : il s’agissait de reprendre le temps nécessaire pour bien faire à manger. Par la suite, le concept s’est étendu à de nombreux sujets. Comme chaque dérivé du slow movement, l’objectif primordial du slow design reste de promouvoir le bien-être des individus, de la société et de l’environnement. Le genre d’éthique totalement en accord avec mes convictions de bobo-écolo-bio-végé.
Le slow design, c’est donc de reprendre le temps nécessaire pour concevoir quelque chose de qualité en incluant dans sa démarche des valeurs humaines et de développement durable. Cette approche tente d’avoir une vision globale de la conception et prend en compte un large éventail de critères afin de mesurer les effets à court et à long terme. En conséquence, il s’inscrit dans les objectifs et l’approche de la création plutôt que dans l’objet de sa conception, bien que ce dernier soit directement influencé par la démarche. Ainsi, cette approche peut être utilisée dans n’importe quel domaine.

Tandis que Alistair Fuad-Luke axait son discours sur la conception de produits physiques, le slow design est une méthodologie applicable à tout. Il peut ainsi être adapté à la conception des choses immatérielles comme des expériences, des processus, des services et des organisations, en tenant compte de la nature non matérielle et du bien-être de l’être humain. Cette démarche va donc souvent de pair avec la vie de celui ou celle qui l’applique, ou finit indubitablement par influencer cette dernière. S’appuyant sur la collaboration, le slow design rejoint un autre courant, le design thinking.

Applications

J’aime comparer le slow design avec la biodynamie (dont les produits sont identifiables grâce au label Demeter). La biodynamie est un système d’agriculture qui considère les choses comme un tout. Ainsi, on va être vigilant au cycle naturel des saisons, à la façon dont les plantes vont interagir et à ce que toute la production fonctionne sous la forme d’un immense cycle fermé. L’agriculteur accompagne alors la nature, sans chercher à la dominer avec des produits chimiques ou des actes qui nuiraient à l’équilibre délicat et nécessaire au bon fonctionnement d’une ferme biodynamique.

Partant de cette transposition, et en jetant un œil sur tous les courants alternatifs nés des créatifs culturels, on peut d’ores et déjà envisager quelques applications du slow design :

  • Global : en tenant compte autant que possible des effets sur le court terme comme sur le long terme.
  • Économie circulaire : en tenant compte des impacts et en réduisant les dommages autant que possible.
  • Démocratie : car une bonne démocratie ne peut fonctionner dans la vitesse, la démocratie participative en est un bon exemple.
  • Adaptatif : en développant des solutions qui vont continuer à évoluer au fil du temps et qui sont modifiables selon les besoins.
  • Durable : en s’assurant que les solutions peuvent durer dans le temps tout en réduisant les réparations et les remplacements.
  • Sain : par l’élimination des substances et des processus de travail toxiques et/ou polluants.
  • Efficace : par la réduction des déchets, du temps de travail, de l’énergie et des ressources physiques.
  • Singulier : par la promotion de l’unicité et de la diversité culturelle, sociale et environnementale.

Du fait d’être une notion relativement nouvelle, les implications du slow design sont encore loin d’être définies et restent à explorer. On peut toutefois facilement imaginer des applications liées à la recherche, la relocalisation de l’industrie, la réimplantation d’artisans locaux, le retour des produits sur mesure alors réservés au luxe depuis quelques décennies, la promotion de l’identité régionale (en Bretagne on a de l’avance sur ce point) ou encore la mise en place de processus de conception longs par les industriels.

En conclusion

Si la notion de slow-design semblera utopique à certains, on la retrouve pourtant de plus en plus dans la volonté de changement qu’ont les gens. On la retrouve dans le retour aux choses simples, dans l’exigence croissante de qualité et de bien-être au détriment du matérialisme et du superficiel. Bref, le slow design semble s’inscrire dans les avancées de l’homme occidental pour son retour vers lui-même.

Pour aller plus loin

Deux vidéos TEDx pour pousser la réflexion un peu plus loin, à regarder dans cet ordre.

Changer de croyance pour changer de monde, par Marc de la Ménardière :

Les conspirateurs positifs, par Mathieu Baudin :

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Sébastien DROUIN

Consultant en communication croisé zèbre, designer graphique, ingénieur de formation, AI prompt engineer. Je mange des IA au petit déjeuner et je permets aux entreprises de multiplier leurs ventes grâce au web 🤖

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